Les symptômes liés à la compression d'un nerf crânien par un anévrisme
Présentation des nerfs crâniens
Fonctionnant par paire et numérotés de I à XII de l'avant vers l'arrière du crâne, les nerfs crâniens sont sensoriels ou sensitifs (S) pour trois d'entre eux, moteurs (M) pour cinq autres et mixtes (MS) pour les quatre derniers.
les nerfs crâniens
Nerfs crâniens Fichier nerfs crânien Wikipédia
Numéro | Nom et nature (S, M ou SM) | Fonctions |
---|---|---|
I | olfactif (S) | odorat |
II | optique (S) | vision |
III | oculomoteur commun (M) | mouvement de l'œil, releveur de paupière, variation du diamètre de la pupille et accommodationdéformation du cristallin de l'œil dans le but de voir net un objet |
IV | pathétique / trochléaire (M) | mouvement de l'œil vers le bas et l'intérieur |
V | trijumeau (MS) | sensations de la face (S) et mastication (M) |
VI | moteur oculaire externe / abducens (M) | mouvements de l'œil vers l'extérieur |
VII | facial (MS) | motricité faciale (M) et 2/3 langue (S) |
VIII | auditif (cochléaire et vestibulaire) (S) | audition et équilibre |
IX | glosso-pharyngien (MS) | pharynx + langue (S) et motricité d'un muscle du pharynx (M) |
X | vague / pneumogastrique (MS) | mouvements pharynx + larynx + voile du palais (M), structures thoraciques et abdominales (S) |
XI | spinal (M) | mouvements du cou |
XII | grand hypoglosse (M) | mouvements de langue |
Nerfs et anévrisme
Les nerfs II, III, IV, V et VI peuvent être comprimés par un anévrisme avec pour conséquence, sauf pour le V, des problèmes visuels.
- Les nerfs III, IV et VI activent des muscles oculomoteurs droits (au nombre de 4) ou obliques (2) qui assurent la mobilité du globe oculaire. Certains de ces muscles travaillent en parallèle (exemple : pour diriger un regard à droite, actions combinées du muscle droit médial de l'œil gauche et du muscle droit latéral de l'œil droit).
- Le nerf III innerve les muscles droits supérieur (mouvements vers le haut et l'extérieur), médial ou droit interne (vers l'intérieur) et inférieur (vers le bas et l'extérieur) ainsi que le muscle oblique inférieur (vers le haut et l'intérieur).
- Le nerf IV innerve le muscle oblique supérieur (vers le bas et l'intérieur).
- Le nerf VI innerve le muscle droit latéral ou externe (vers l'extérieur).
Muscles de l'œil Dossier Œil et Vision de Pro Visu (Fondation d'utilité publique en Suisse)
Compression du nerf II
D'après Le Manuel MSD, « Une lésion sur un nerf optique ou sur son parcours jusqu’au cerveau entraîne une perte de la vision. Au niveau du chiasma optiquelieu de croisement des deux nerfs optiques, chaque nerf optique se divise et la moitié de ses fibres traverse de l’autre côté. En raison de cette distribution anatomique, une altération le long du trajet du nerf optique entraîne une baisse visuelle spécifique.
D'après Revue de Santé Oculaire Communautaire, « Une augmentation significative de la pression intraorbitaire peut diminuer l’irrigation de l’orbite et comprimer le nerf optique, ce qui va entraîner des lésions. Dans les cas aigus, une perte visuelle irréversible peut survenir dans les 90 à 120 minutes, à moins que l’on ne parvienne à diminuer la pression et rétablir l’irrigation. »
Un patient souffrant de compression du nerf optique peut présenter les symptômes suivants :
- douleur ;
- problèmes de vision (par ex. vision trouble, diplopie ou encore perte visuelle périphérique, progressive, intermittente ou subite) ;
- nausées et vomissements inexpliqués.
Les signes cliniques d’une compression du nerf optique comprennent :
- diminution de l’acuité visuelle ;
- résistance du globe à la pression ;
- augmentation de la pression intraoculaire ;
- déficit pupillaire ;
- incapacité à visualiser correctement les couleurs sur les planches de dépistage du daltonisme (en raison d’une anomalie de perception des couleurs).
De plus, l'absence d'irrigation liée à la compression de l'artère ophtalmique ou à sa naissance sur l'artère carotide (compression optochiasmatiqueau niveau du chiasma optique) se traduit par une altération spécifique de la vision avec la diminution ou perte de la moitié du champ visuel d'un œil ou des deux yeux (hémianopsie).
Extrait du témoignage d'Anne D.
Les médecins diagnostiquent une hémianopsie latérale homonyme gauche (HLH)atteinte des deux moitiés des champs (hémichamp) visuels gauches ; ainsi, dans l'HLH gauche, sont atteints l'hémichamp côte tempe de l'œil gauche et l'hémichamp côté nez de l'œil droit) probablement consécutive à la présence d’un résidu de l’hématome provoquant une compression de la voie optique.
Dès que je me lève, je m’aperçois rapidement les conséquences de ce problème de vue : je ne sais plus me déplacer dans l’espace, tous mes repères ont disparu. Au début, je me dis que c’est juste parce que je viens de me lever. Pour moi, je suis normale. […]
Je finis par quitter mon boulot, trop d’incompréhension sur mes problèmes rencontrés… Depuis je galère.
De façon générale, les entreprises n’imaginent pas combien mon hémianopsie possède un impact important sur ma vie personnelle comme professionnelle. Ne plus avoir que la moitié de son champ de vision, c’est ignorer l’autre partie. Par exemple, c’est ne mettre les articles en rayon que sur la moitié de celui, c’est ne pas voir des clients présents dans la partie aveugle de mon champ de vision. Dans la vie courante, c’est prendre un risque à chaque fois que je traverse une route, car, même en balayant avec soin la route, si un véhicule imprévu surgit dans « mon angle mort », je ne le verrai pas. […]
De plus, je mène un combat pour faire reconnaître mon hémianopsie comme un handicap à part entière, particulièrement invalidant. Le croyez-vous, je n’ai obtenu ma RQTHreconnaissance de la qualité de travailleur handicapé qu’après avoir écrit à l’Élysée ! Mais je ne touche rien de la MDPHMaison Départementale des Personnes Handicapées.
J’ai constitué un dossier de 500 pages pour expliquer toutes les conséquences de cette séquelle avec des rapports d’expert expliquant que l’amplitude de mon champ visuel est réduite à 80 ° au lieu des 130 à 140 ° habituels, que ce problème génère une latence de perception et d’analyse à l’origine d’une forme de lenteur dans ma réactivité et le fait que je ne vois plus les mouvements. Ainsi, je ne peux plus conduire et, comme j’habite à la campagne, je suis tributaire des autres pour me déplacer.
En dépit d’une avocate spécialisée dans la défense des AVC et traumatismes crâniens, ma demande d’allocation a été refusée sous prétexte que je suis debout et me débrouille chez moi. Pour eux, mon handicap est en dessous du seuil qui me permettrait de toucher cette allocation.
l'hémianopsie latérale homonyme
D'après la thèse de Julien Burel, « les anévrismes peuvent parfois être détectés lorsqu'ils deviennent volumineux et provoquent des céphalées ou une compression sur les structures adjacentes, comme par exemple :
- Les anévrismes communicants postérieurs ou du tronc basilaire provoquant une paralysie de la IIIe paire crânienne ;
- Les anévrismes intracaverneux provoquant un syndrome du sinus caverneux (ophtalmoplégieparalysie des muscles moteurs d'un œil ou des deux yeux par paralysie des IIIe, IVe et VIe nerfs crâniens, avec ptosisaffaissement anormal de la paupière supérieure lié à un déficit d'action de l'une des composantes ou de l'ensemble du muscle releveur de la paupière supérieure et mydriasedilatation anormale de la pupille, hypoesthésieperte de sensibilité dans le territoire du nerf trijumeau (V), exophtalmieun œil ou les deux yeux sont exhorbités par compression des veines ophtalmiques) ;
- Les anévrismes de l’artère cérébrale moyenne provoquant une hémiparésiediminution de la motricité de la moitié du corps , une amputation de champ visuel, une crise d’épilepsie ;
- Les anévrismes du tronc basilaire provoquant une compression du tronc cérébral . »
la sémiologie (discipline médicale qui étudie les signes des maladies) des voies optiques
le traitement d’urgence en cas de compression du nerf optique
Compression du nerf III
Cette compression apparaît dans le cas d'un anévrisme sur l'artère carotide supraclinoïde ou à la naissance de l'artère communicante postérieure.
Voici différents exemples indiquant une atteinte du III :
- vision double ou diplopie verticale ou oblique (mêmes symptômes avec le IV). Particularité intéressante pour la différencier éventuellement d'une diplopie liée à la fatigue oculaire, ce dédoublement de la vue peut apparaître lors de la mise en mouvement ou lors d'une augmentation de la pression sanguine à la suite d'un stress ou d'un effort ;
- abaissement de la paupière supérieure ou ptosis traduit une atteinte du muscle releveur de la paupière ;
- strabisme divergent ;
- dilatation anormale de la pupille (mydriase) persistante associée à un défaut d'accommodation (une personne ne parvient plus à adapter sa vue pour obtenir l'image nette d'un objet proche) ;
- difficulté, voire impossibilité à déplacer l'œil vers l'intérieur, le bas ou le haut ;
- douleur orbitaire (au niveau et autour de l'œil).
Une paralysie légère (parésie) douloureuse du III, voire une paralysie totale, portant sur tout ou une partie des fonctions motrices (diplopie, ptosis) et/ou végétatives (accommodation, dilatation de la pupille), peut suggérer un anévrisme sur une des artères communicantes postérieures.
Compression des nerfs IV ou VI
Quelques exemples de déficience :
- diplopie horizontale (VI) ;
- limitation, voire disparition des mouvements de l'œil, verticaux pour le IV, vers l'extérieur pour le VI ;
- altération de la vision avec une amputation importante du champ visuel et/ou de l'acuité (au croisement des II ou chiasma optique) ;
- strabisme convergent (VI).
Compression du nerf V
La compression du V entraîne une sensation de décharges électriques dans la partie inférieure du visage.
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